Code de procédure civile 2025 : ce qui change pour les justiciables

Le 1er septembre 2025 marque un tournant dans l’accès à la justice civile en France. Amiable renforcé, instruction conventionnelle, portail numérique : la réforme bouleverse des décennies de pratiques judiciaires. Que vous soyez justiciable, avocat ou entreprise, ces changements transforment la manière de mener et de défendre un dossier.

🕒 L’essentiel en bref

  • ✨ L’amiable devient un principe directeur de la procédure civile
  • ✨ L’instruction conventionnelle permet aux parties de piloter leur calendrier
  • ✨ Le portail du justiciable dématérialise dépôts et notifications
  • ✨ Entrée en vigueur progressive : septembre 2025, novembre 2025, 2029

Qu’est-ce qui change au 1er septembre 2025 en procédure civile ?

Réponse courte : La réforme 2025 renforce l’amiable comme principe directeur, introduit l’instruction conventionnelle pour piloter les échanges, accélère la dématérialisation via un portail dédié et ajuste des règles de compétence. L’entrée en vigueur s’étale de septembre 2025 à 2029.

Cette révision structurelle vise à réduire les délais, fluidifier les échanges et rendre la justice plus accessible. Quatre axes structurent la transformation.

Les 4 axes : amiable, instruction, digital, compétences

1. Priorité à l’amiable :

L’amiable (médiation, conciliation, procédure participative) devient un principe directeur. Le juge doit systématiquement le proposer et peut sanctionner son refus injustifié. Certains contentieux imposent désormais une tentative préalable.

2. Instruction conventionnelle :

Les parties et leurs avocats co-construisent un calendrier d’échanges (conclusions, pièces, mesures d’instruction), validé par le juge. Ce dispositif réduit les reports et accélère la mise en état.

3. Digitalisation généralisée :

Un portail du justiciable centralise dépôts, notifications et suivi des dossiers. Les audiences en visioconférence se développent selon les contentieux. Le consentement devient électronique.

4. Ajustements de compétence et d’exécution :

Transferts dématérialisés entre juridictions, encadrement de l’instruction in futurum, pouvoirs étendus du juge de l’exécution (JEX) et plateformes de suivi des saisies renforcent l’effectivité des décisions.

Ce qui s’applique dès le 1er septembre 2025

Mesures effectives :

  • Principe directeur de l’amiable dans toutes les procédures
  • Instruction conventionnelle ouverte aux nouvelles instances
  • Dématérialisation des échanges entre avocats constitués
  • Pouvoirs étendus du JEX (mesures conservatoires, accès aux données financières)
  • Clarification des règles d’écritures et de récapitulation

Les instances en cours bénéficient immédiatement des dispositions sur l’amiable et la dématérialisation, sauf exception explicite.

Mesures transitoires et dates clés

Calendrier d’application :

DateMesurePortée
1er septembre 2025Amiable, instruction conventionnelle, dématérialisationToutes nouvelles instances + instances en cours
1er novembre 2025Consentement électronique via portailJusticiables et avocats
1er janvier 2029Abrogation article 748-8 (calendrier technique)Harmonisation définitive

📅 Timeline avant/après

Avant septembre 2025 : amiable recommandé mais facultatif, calendrier fixé par le juge seul, dépôts physiques ou RPVA, audiences présentielles par défaut.

Après septembre 2025 : amiable principe directeur obligatoire, calendrier co-piloté, portail centralisé, visioconférences élargies, sanctions du refus d’amiable.

L’amiable devient-il la règle ? Dans quels litiges est-il obligatoire ?

Réponse courte : Oui, l’amiable est érigé en principe directeur. Il devient obligatoire dans certains contentieux (voisinage, copropriété, litiges < 5 000 €). Les accords homologués acquièrent force exécutoire.

Le juge doit désormais systématiquement proposer l’amiable et peut sanctionner le refus injustifié par des pénalités financières ou procédurales.

Médiation/conciliation : cas typiques et exceptions

Contentieux avec tentative amiable obligatoire :

  • Litiges de voisinage (bornage, troubles, servitudes)
  • Copropriété (charges, travaux, assemblées)
  • Litiges inférieurs à 5 000 € (sauf urgence ou exception légale)
  • Conflits familiaux hors urgence (pension alimentaire révisée, droits de visite)

Exceptions :

  • Procédures d’urgence (référé, ordonnance sur requête)
  • Contentieux de la sécurité sociale et du travail (circuits spécifiques)
  • Matières où l’ordre public exclut la transaction (état des personnes)
  • Demandes en intervention forcée

Le juge peut, même hors obligation, imposer une médiation ou une conciliation à tout stade de la procédure.

Sanctions en cas de refus injustifié

Refuser l’amiable sans motif légitime expose à :

  • Pénalités financières : amende civile jusqu’à 10 000 € (rarissime mais possible)
  • Sanctions procédurales : mise hors de cause pour défaut de diligence, report de l’affaire avec report des frais
  • Condamnation aux dépens : le juge peut faire supporter les frais de la tentative amiable à la partie récalcitrante
  • Impact sur l’article 700 : le refus peut influencer l’allocation des frais irrépétibles

Motifs légitimes de refus : urgence avérée, tentative amiable déjà échouée, déséquilibre manifeste des forces, risque de prescription.

Homologation et force exécutoire des accords

Un accord amiable (médiation, conciliation, procédure participative) peut être homologué par le juge. Cette homologation confère à l’accord la même force qu’un jugement.

Procédure :

  • Dépôt de l’accord signé par les parties
  • Demande conjointe d’homologation
  • Vérification par le juge de la conformité à l’ordre public
  • Ordonnance d’homologation sans débat contradictoire
  • Force exécutoire immédiate (titre exécutoire)

L’homologation permet de saisir un commissaire de justice pour exécution forcée en cas de non-respect ultérieur.

Type de litigeAmiable requis ?Voie privilégiée
Voisinage, bornageOui (sauf urgence)Conciliation, médiation
CopropriétéOuiMédiation spécialisée
Litige < 5 000 €OuiConciliation devant le tribunal
Commercial > 5 000 €Non (recommandé)Médiation, conciliation
Référé, ordonnance sur requêteNonSaisine directe

Qu’est-ce que l’instruction (mise en état) conventionnelle et comment ça marche ?

Réponse courte : L’instruction conventionnelle permet aux parties de co-construire un calendrier d’échanges et d’actes de procédure, validé par le juge. Ce dispositif réduit les reports, priorise l’audiencement et sanctionne les retards.

Ce mécanisme révolutionne la gestion procédurale en responsabilisant les parties et leurs avocats.

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Conventions : contenu, calendrier, pièces

Les parties proposent au juge de la mise en état (JME) une convention d’instruction fixant :

  • Calendrier d’échanges : dates butoirs pour conclusions, pièces, expertises
  • Mesures d’instruction : expertises, enquêtes, vérifications d’écritures
  • Ordre et nombre de conclusions : assignant, défendeur, répliques
  • Réunions de suivi : points d’étape entre avocats sans audience
  • Modes de communication : privilégier le portail et la visioconférence

Cette convention doit être équilibrée et respecter le principe du contradictoire. Le juge peut refuser ou ajuster les délais s’ils sont manifestement déraisonnables.

Priorisation et articulation avec le juge

Les affaires sous instruction conventionnelle bénéficient d’un audiencement prioritaire. Le juge fixe une date de clôture et d’audience ferme dès validation de la convention.

Rôle du juge :

  • Valider la convention ou demander ajustements
  • Veiller au respect du calendrier
  • Sanctionner les manquements (report des frais, radiation, clôture d’office)
  • Adapter la convention en cours si incident majeur (maladie, événement imprévu)

Le juge conserve ses pouvoirs de direction mais intervient moins fréquemment, les parties gérant l’instruction.

Incidents sans audience et sanctions de retard

Les incidents mineurs (demande de délai court, contestation de communication) se règlent par échanges écrits via le portail, sans audience. Le juge statue par ordonnance.

Sanctions des retards :

  • Irrecevabilité des conclusions tardives si le calendrier conventionnel est validé
  • Report des frais : la partie retardataire supporte les coûts du report
  • Radiation : si les deux parties sont défaillantes
  • Clôture d’office : le juge peut clôturer l’instruction et statuer sur pièces si une partie bloque systématiquement

Ce système responsabilise les avocats et limite les manœuvres dilatoires.

📋 Frise des étapes – Instruction conventionnelle

1. Proposition : les avocats rédigent la convention et la soumettent au JME (semaine 1-2)

2. Validation : le JME valide ou ajuste, fixe date de clôture et audience (semaine 3-4)

3. Exécution : échanges selon calendrier, réunions de suivi (mois 1-6)

4. Clôture : ordonnance de clôture automatique à la date prévue (J-30)

5. Plaidoirie : audience ferme avec date connue dès le début (J fixe)

Digitalisation : portail du justiciable, dépôts en ligne et visioconférences

Réponse courte : Le portail du justiciable centralise dépôts, notifications et suivi des dossiers. Le consentement électronique s’active dès novembre 2025. Les visioconférences s’élargissent selon les contentieux, avec garanties de présence et contradictoire.

La dématérialisation devient la norme, le papier l’exception.

Portail : fonctionnalités, consentement, périmètre

Le portail du justiciable (accessible via justice.fr) offre :

  • Dépôt d’actes : assignations, conclusions, pièces, requêtes
  • Notifications : réception des décisions, convocations, ordonnances
  • Suivi en temps réel : état du dossier, prochaines échéances, historique
  • Messagerie sécurisée : échanges avec le greffe et les avocats adverses
  • Paiements : consignations, amendes, frais de greffe

Consentement : à partir du 1er novembre 2025, le justiciable donne son consentement à la communication électronique via le portail. Ce consentement, révocable, conditionne les notifications dématérialisées.

Périmètre : toutes les juridictions civiles (TJ, CA, Cour de cassation). Déploiement progressif selon les barreaux et juridictions.

Dépôt des actes et notifications électroniques

Dépôt électronique obligatoire :

  • Pour les avocats constitués : systématique via RPVA ou portail
  • Pour les justiciables représentés : via le portail après consentement
  • Pour les justiciables non représentés : facultatif mais encouragé

Notifications électroniques :

  • Remplacent les lettres recommandées et remises en main propre
  • Déclenchent les délais dès consultation (accusé de lecture électronique)
  • Sécurisées par authentification forte (FranceConnect, certificat)
  • Archivage automatique et horodatage opposable

En cas de refus du consentement électronique, les notifications restent postales (LRAR), mais avec délais allongés.

Visioconférences : cas d’usage et garanties

Les audiences en visioconférence se développent dans plusieurs contentieux :

  • Référés et ordonnances sur requête (sauf exception)
  • Mises en état et incidents
  • Audiences de plaidoirie en matière commerciale (accord des parties)
  • Auditions de témoins et d’experts

Garanties :

  • Consentement des parties ou décision motivée du juge
  • Enregistrement audiovisuel (sauf opposition motivée)
  • Vérification d’identité en début de connexion
  • Possibilité de basculer en présentiel en cas de problème technique
  • Assistance technique pour les justiciables non équipés (borne au tribunal)

Les audiences solennelles (appel avec avoués, clôture définitive) restent présentielles par principe.

✓ Bonnes pratiques numériques

  • Activer le consentement électronique dès novembre 2025
  • Vérifier régulièrement le portail (notifications sous 48h)
  • Conserver les accusés de lecture et horodatages
  • Tester la connexion visio avant l’audience
  • Prévoir un plan B (téléphone, déplacement) en cas de panne
  • Archiver les échanges et pièces hors portail (backup personnel)

Quelles sont les dates d’entrée en vigueur et mesures transitoires ?

Réponse courte : Les principales mesures s’appliquent au 1er septembre 2025. Le consentement électronique via portail s’active au 1er novembre 2025. L’abrogation de l’article 748-8 (calendrier technique) intervient en 2029.

Ce déploiement progressif permet aux juridictions et aux barreaux de s’adapter.

1er septembre 2025 : périmètre et exceptions

Mesures applicables immédiatement :

  • Principe directeur de l’amiable (toutes procédures)
  • Instruction conventionnelle (nouvelles instances)
  • Dématérialisation RPVA et portail pour avocats
  • Pouvoirs étendus du JEX (mesures conservatoires, accès données financières)
  • Clarification règles d’écritures et récapitulation

Exceptions :

  • Contentieux spéciaux déjà régis par des textes propres (travail, sécurité sociale)
  • Procédures d’urgence où le formalisme est allégé (référé-liberté)
  • Instances clôturées avant le 1er septembre : anciennes règles jusqu’au jugement

1er novembre 2025 : consentement via portail

À partir du 1er novembre 2025, le justiciable peut donner son consentement électronique directement via le portail, sans formalité papier préalable.

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Conséquences :

  • Notifications dématérialisées systématiques (hors opposition)
  • Délais de procédure calculés dès consultation (accusé électronique)
  • Obligation pour le greffe de proposer le portail lors de l’enregistrement

Les justiciables non équipés ou refusant peuvent maintenir les notifications postales, mais avec délais allongés et coûts supérieurs.

2029 : abrogation 748-8 (calendrier technique)

L’article 748-8 du code de procédure civile, régissant certaines modalités techniques d’instruction, sera abrogé au 1er janvier 2029.

Cette abrogation harmonise définitivement le régime de l’instruction conventionnelle et supprime les dispositions transitoires devenues obsolètes. Les praticiens disposeront de 4 ans pour adapter leurs pratiques.

MesureDateRemarque
Amiable principe directeur1er septembre 2025Toutes instances nouvelles et en cours
Instruction conventionnelle1er septembre 2025Nouvelles instances uniquement
Dématérialisation RPVA/portail1er septembre 2025Avocats constitués obligatoirement
Consentement électronique justiciables1er novembre 2025Via portail, révocable
Pouvoirs étendus JEX1er septembre 2025Mesures conservatoires, accès financier
Abrogation article 748-81er janvier 2029Harmonisation définitive

Mon dossier est déjà en cours : qu’est-ce qui change concrètement ?

Réponse courte : La plupart des mesures (amiable, dématérialisation, pouvoirs du JEX) s’appliquent immédiatement aux instances en cours. L’instruction conventionnelle reste réservée aux nouvelles instances. Privilégier l’amiable et adapter le calendrier procédural.

Les dossiers en cours bénéficient des avancées sans remettre en cause les actes déjà accomplis.

Ce qui s’applique immédiatement

Dossiers en cours au 1er septembre 2025 :

  • Amiable : le juge peut proposer ou ordonner une médiation/conciliation à tout moment, même si l’instruction est avancée
  • Dématérialisation : les échanges basculent sur le portail/RPVA dès septembre (hors consentement justiciable avant novembre)
  • Pouvoirs du JEX : si une exécution est en cours, le JEX peut immédiatement utiliser ses nouveaux pouvoirs (conservatoire, accès données)
  • Règles d’écritures : les prochaines conclusions doivent respecter les nouvelles exigences de récapitulation

Ce qui reste inchangé :

  • Calendrier procédural déjà fixé (sauf accord des parties pour passer en instruction conventionnelle)
  • Actes déjà accomplis : validité maintenue sous l’ancien régime
  • Instances clôturées : jugement rendu sous les anciennes règles

Ajuster son calendrier et ses écritures

Actions immédiates pour l’avocat :

  • Vérifier que les prochaines conclusions respectent les nouvelles exigences de récapitulation (synthèse des moyens, articulation claire)
  • Proposer à l’adversaire un passage en instruction conventionnelle si l’affaire s’y prête (accord nécessaire)
  • Intégrer systématiquement une proposition d’amiable dans les écritures (démontre bonne foi)
  • Basculer les dépôts sur le portail dès septembre (même si l’instance a commencé en papier)

Pour le justiciable :

  • Donner son consentement électronique via le portail (dès novembre 2025) pour accélérer les notifications
  • Demander à son avocat d’explorer l’amiable si le litige s’enlise
  • Se tenir prêt à une audience en visioconférence (vérifier équipement)

Homologuer un accord en cours de route

Si les parties trouvent un terrain d’entente pendant l’instruction, elles peuvent solliciter l’homologation de leur accord transactionnel.

Procédure :

  • Rédaction d’un accord transactionnel détaillé (obligations, délais, pénalités)
  • Dépôt d’une demande conjointe d’homologation au juge saisi
  • Vérification par le juge de la conformité à l’ordre public
  • Ordonnance d’homologation (ou jugement d’expédient)
  • Force exécutoire immédiate, extinction de l’instance

Cette homologation évite les frais de jugement et garantit l’exécution de l’accord.

✓ Check-list dossier en cours

  • Vérifier l’application immédiate de l’amiable à mon dossier
  • Basculer sur le portail/RPVA pour les prochains dépôts
  • Adapter les prochaines conclusions (récapitulation renforcée)
  • Proposer un passage en instruction conventionnelle (si accord)
  • Explorer l’amiable avec l’adversaire (médiation, transaction)
  • Donner mon consentement électronique dès novembre 2025

Règles d’écritures et de communication : ce qui change pour les avocats

La réforme clarifie et renforce les exigences formelles des conclusions, sous peine d’irrecevabilité ou d’écartement de moyens par le juge.

Nouvelles exigences de récapitulation

Les dernières conclusions doivent désormais contenir une récapitulation exhaustive de tous les moyens et demandes présentés au cours de l’instance.

Contenu obligatoire :

  • Rappel chronologique des prétentions
  • Synthèse de chaque moyen de fait et de droit
  • Articulation claire entre moyens principaux et subsidiaires
  • Reprises explicites des pièces invoquées (numérotation cohérente)

Un moyen développé dans des conclusions antérieures mais non repris dans les dernières conclusions peut être écarté d’office par le juge.

Risque : perte d’arguments essentiels par défaut de récapitulation. Les praticiens doivent versionner méthodiquement leurs écritures.

Pouvoirs du juge en procédure orale

En procédure orale (tribunal de proximité, certaines chambres du TJ), le juge peut désormais :

  • Fixer des modalités écrites d’échange (mini-conclusions) pour structurer les débats
  • Écarter les moyens non présentés dans ces échanges écrits préalables
  • Ordonner le dépôt de notes en délibéré si un point nécessite approfondissement
  • Sanctionner les parties qui modifient leurs demandes à l’audience sans prévenir

Ce renforcement du formalisme en procédure orale rapproche celle-ci de la procédure écrite.

Bonnes pratiques de versioning et dernière écriture

Méthode recommandée :

  • Numéroter et dater chaque jeu de conclusions (v1, v2, v3…)
  • Tenir un tableau de suivi des moyens et demandes (Excel ou traitement de texte)
  • Rédiger les dernières conclusions comme un mémoire autonome, lisible sans référence aux précédentes
  • Vérifier la reprise de chaque moyen essentiel (checklist avant dépôt)
  • Annexer un bordereau récapitulatif des pièces avec renvois dans le corps du texte

Outils : logiciels de gestion de dossiers (Elise, Secib, LegalSuite) intégrant des fonctions de versioning et récapitulation automatique.

⚠️ Risques d’irrecevabilité

  • Moyen non récapitulé dans les dernières conclusions → écarté d’office
  • Pièce invoquée mais non versée au bordereau → inopposable
  • Demande nouvelle après clôture → irrecevable
  • Conclusions tardives sans autorisation → nullité
  • Défaut de respect du calendrier conventionnel → irrecevabilité automatique
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Compétence, instruction in futurum et filtrage des appels : ce qu’il faut savoir

La réforme ajuste plusieurs points techniques pour fluidifier les transferts entre juridictions et encadrer des procédures spécifiques.

Compétence et transferts dématérialisés

Les transferts de dossiers entre juridictions (renvoi pour incompétence, dessaisissement) se font désormais de manière dématérialisée via un système d’échange sécurisé entre greffes.

Avantages :

  • Gain de temps : transfert en quelques jours au lieu de semaines
  • Traçabilité complète : accusé de réception électronique
  • Réduction des pertes de pièces

Les parties sont informées par notification électronique (ou postale si refus du consentement) du transfert et de la nouvelle juridiction saisie.

Instruction in futurum : cadre et nouveautés

L’instruction in futurum permet de recueillir des preuves avant tout procès, pour préparer un contentieux futur ou prévenir la disparition d’éléments de preuve.

Nouveautés 2025 :

  • Précision des conditions de recevabilité : motif légitime et urgence caractérisée
  • Délai raccourci pour statuer sur la requête (15 jours maximum)
  • Possibilité de mesures conservatoires couplées (saisie-contrefaçon, séquestre)
  • Obligation de notifier la mesure à la partie adverse sauf secret nécessaire

Cas d’usage : constater l’état d’un bien avant vente, recueillir des témoignages de personnes âgées, sécuriser des preuves numériques volatiles.

Filtrage des appels : enjeux et portée

Un dispositif de filtrage des appels est en discussion pour fin 2025. Son objectif : limiter les appels dilatoires ou manifestement infondés.

Mécanisme envisagé :

  • Examen préalable de la recevabilité de l’appel par un magistrat rapporteur
  • Rejet sans audience si l’appel est manifestement irrecevable ou infondé
  • Appel de cette décision devant le premier président

Critiques : risque d’atteinte au droit au double degré de juridiction. Les garanties procédurales (motivation, voie de recours) sont en cours de calibrage.

MesureImpactTexte
Transferts dématérialisésGain 2-3 semaines, traçabilitéArt. 82-1 nouveau CPC
Instruction in futurumDélai réduit à 15 jours, couplage mesuresArt. 145 modifié CPC
Filtrage des appelsRéduction appels dilatoires (débat en cours)Projet art. 901-1 CPC

Exécution des décisions : quels nouveaux outils pour agir vite ?

Réponse courte : Les plateformes d’exécution, l’accès étendu aux données financières et les pouvoirs renforcés du juge de l’exécution (JEX) accélèrent le recouvrement des créances et sécurisent l’effectivité des décisions.

L’exécution forcée devient plus rapide et plus efficace.

Plateforme d’exécution : fonctionnalités et suivi

Une plateforme nationale d’exécution centralise les informations sur les mesures d’exécution en cours (saisies, astreintes, expulsions).

Fonctionnalités :

  • Suivi en temps réel des saisies (rémunération, comptes bancaires, meubles)
  • Alerte automatique en cas de nouveaux revenus ou comptes détectés
  • Coordination entre commissaires de justice (éviter saisies multiples sur le même compte)
  • Accès sécurisé pour créanciers, débiteurs, JEX et commissaires

Cette plateforme réduit les angles morts et limite les fraudes (dissimulation d’avoirs).

Pouvoirs du JEX : conservatoires et urgence

Le juge de l’exécution dispose désormais de pouvoirs étendus pour débloquer les situations complexes :

  • Mesures conservatoires : saisie conservatoire sur comptes, biens meubles ou immeubles dès le dépôt de la requête, sans attendre décision de fond
  • Ordonnance d’urgence : statuer sous 48h en cas de risque de dissipation d’actifs
  • Astreinte renforcée : fixer des astreintes dissuasives (jusqu’à 1 000 €/jour) en cas d’obstruction manifeste
  • Contrôle des clauses abusives : écarter une clause empêchant l’exécution (clause de non-saisissabilité excessive)

Données financières : repérage et saisies

Le JEX et les commissaires de justice accèdent désormais à des fichiers élargis pour localiser les avoirs du débiteur :

  • FICOBA : tous les comptes bancaires ouverts en France
  • FICOVIE : contrats d’assurance-vie
  • Fichier des véhicules : immatriculations et propriétaires
  • Fichier immobilier : propriétés détenues (publicité foncière)
  • Registres RCS/RM : participations dans des sociétés

Ces données, croisées via la plateforme, permettent de saisir rapidement les sommes et biens disponibles.

Mini-cas : un créancier obtient un jugement condamnant le débiteur à payer 50 000 €. Le commissaire de justice interroge le FICOBA via la plateforme, identifie trois comptes bancaires et un contrat d’assurance-vie. Il pratique une saisie-attribution sur les comptes (15 000 € récupérés) et demande au JEX une saisie conservatoire sur l’assurance-vie. Total recouvré en 3 semaines : 40 000 €.

Avant/après : ce que la réforme change pour un justiciable

Le parcours judiciaire se transforme radicalement, avec des gains de temps, de transparence et de maîtrise.

Parcours ancien vs nouveau (tableau)

ÉtapeAvant réformeAprès réforme 2025
1. Naissance du litigeSaisine directe du tribunalTentative amiable obligatoire (médiation, conciliation)
2. Dépôt de l’assignationPapier ou RPVA (avocats)Portail du justiciable (consentement électronique)
3. InstructionCalendrier fixé par le juge seulCalendrier co-piloté (instruction conventionnelle)
4. ÉchangesLRAR, dépôts physiquesPortail, notifications instantanées
5. AudiencePrésentiel obligatoireVisioconférence possible (accord ou décision juge)
6. JugementNotification postale (délai 2-3 semaines)Notification électronique (délai 48h)
7. ExécutionRecherche manuelle des avoirsPlateforme centralisée, accès fichiers automatisé

Points de friction réduits (délais, déplacements)

Gains concrets :

  • Délai global : réduction de 30 à 40 % du temps moyen entre saisine et jugement (grâce à l’instruction conventionnelle et l’amiable)
  • Déplacements : moins de comparutions physiques (visioconférence), économie de temps et de frais de transport
  • Transparence : suivi en temps réel du dossier via le portail, fin des appels au greffe sans réponse
  • Coûts : diminution des frais de signification et de déplacement, honoraires mieux calibrés grâce au calendrier prévisible

Exemple : un litige commercial de 30 000 € qui prenait 18 mois (assignation > clôture > jugement) peut désormais se régler en 8 à 10 mois avec instruction conventionnelle et amiable en cours de route.

À faire tout de suite : 5 actions pratiques

Pour les justiciables :

  • 1. Créer son compte sur le portail (justice.fr) et donner son consentement électronique dès novembre 2025
  • 2. Explorer l’amiable avant toute saisine : contacter l’adversaire, proposer médiation ou conciliation
  • 3. Vérifier son équipement numérique (connexion internet, webcam, micro) pour les audiences en visio
  • 4. Rassembler ses preuves dès le début (documents numérisés, relevés, factures) pour accélérer l’instruction
  • 5. Consulter un avocat tôt pour calibrer la stratégie (amiable vs contentieux, calendrier réaliste)

Pour les avocats :

  • 1. Former ses équipes au portail, à l’instruction conventionnelle et aux nouvelles règles de récapitulation
  • 2. Proposer systématiquement l’instruction conventionnelle dès la première réunion avec l’adversaire
  • 3. Adapter les modèles de conclusions (intégrer récapitulation exhaustive dès la première version)
  • 4. Développer un réseau de médiateurs et conciliateurs pour orienter efficacement les clients
  • 5. Anticiper la dématérialisation : archivage électronique sécurisé, backup des dossiers sensibles

Conclusion

La réforme de procédure civile 2025 redessine l’accès à la justice en France. Amiable érigé en principe, instruction co-pilotée, portail centralisé : autant de leviers pour réduire délais et frictions. Justiciables, avocats, entreprises : ceux qui anticipent ces changements et adaptent leurs pratiques transformeront une contrainte réglementaire en avantage stratégique. Le reste dépend de votre capacité à saisir ces outils dès septembre.

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Thomas Berland

Thomas Berland accompagne depuis plus de 10 ans des dirigeants de TPE/PME dans leurs prises de décision stratégiques, juridiques et fiscales. Entre entrepreneuriat, restructuration d’entreprise et optimisation financière, il partage sur A2JZ des conseils concrets et des décryptages utiles pour les pros. Son objectif : rendre accessibles les notions complexes du monde business à tous ceux qui veulent entreprendre efficacement.

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